Rien de mieux, nous devoile l’auteur de cet ouvrage hybride, qu’un sejour prolonge a l’etranger pour se lire soi-meme.
Le journaliste et essayiste Jerome Blanchet-Gravel a « decouvert » le Mexique via hasard, non jamais a la maniere d’un Christophe Colomb, encore moins a la maniere d’un Hernan Cortes. « Par curiosite et avec attrait concernant le monde hispanophone ordinairement », ecrit-il.
Jerome Blanchet-Gravel ne pretend nullement jouer les grands connaisseurs ni des donneurs de lecons. Il veut tout simplement nous Realiser partager son choc culturel face a la latinite — « une vision de l’univers qui reconcilie par le esthetique le desir et la morale, la tentation et l’ordre, la passion et J’ai discipline » — dont nous faisons tout de meme partie, nous, des Latins du Nord.
Premier constat : la teinte de sa peau. Il est blanc dans un pays metisse et votre difference attire aussitot le regard.
« Comme si le Blanc n’incarnait nullement deja assez la richesse, la population lui fait en plus le don de le admiration. » Blanchet-Gravel explique d’ou vient cette veneration.
« Une agee legende azteque voulait que le Mexique soit un jour gouverne par des personnes venus d’ailleurs et issus d’une lignee celeste. Assimiles a ces dieux a leur arrivee, les Espagnols profiterent de cette legende qui les enveloppait de son aura magique Afin de imposer un pouvoir. »
Entre tradition et modernite
L’auteur fustige au passage « une certaine gauche occidentale » qui s’est donne comme mission de « decoloniser » les Ameriques sans se soucier de l’opinion des peuples concernes.
« La decolonisation demeure l’initiative d’intellectuels nord-americains et europeens qui n’ont au fond jamais perdu leurs habitudes de colonisateurs. »
Meme si le Mexique, « a cheval entre tradition et modernite », est considere avec raison comme un des pays les plus violents au monde, c’est ici, nous evoque l’auteur, qu’on va y vivre l’experience de la serenite. Nombreux seront ceux, parmi les millions de touristes qui visitent votre pays, qui y trouvent « une terre de ressourcement psychologique, un centre de reinsertion esoterique pour Occidentaux en manque de chaleur humaine ».
Et de se moquer se dГ©sinscrire de fling de ces bobos, jeunes ou vieux, rencontres au celebre marche de Coyo, pour qui « le Mexique reste decouvert tel un centre de therapie ou notre vie modeste devient un medicament contre le stress d’une vie “metro, taf, dodo” ».
Ces memes bobos semblent oublier que les habitants de Mexico, une des villes les plus polluees au monde, n’ont pas « la conscience ecologique [qui] vient avec une certaine qualite de vie et les privileges qui en font partie ». Quand une grande partie en population craint, chaque semaine, de ne pas arriver a nourrir sa famille, c’est plutot ardu d’alimenter de telles preoccupations, aussi nobles soient-elles, affirme Blanchet-Gravel.
Il se exige ce que serait devenu le Mexique si le conquistador Cortes n’avait pas reussi a soumettre l’empire azteque.
Quoi qu’il en soit, malgre le sang verse, « il fut impossible pour nos Espagnols de creer une societe entierement neuve, inedite, qui ferait abstraction de et cela etait deja la. J’ai pensee precolombienne s’entremelera reellement vite a celle des conquerants », cela ne se produira nullement au Quebec ou « les Amerindiens n’etaient nullement assez nombreux pour impregner le lieu naissant de leur culture et de leur imaginaire ».
Un hotel a ciel ouvert
Aussi deplore-t-il que la majorite des Quebecois qui vont au Mexique ignorent tout de cette megapole qu’il compare a New York Afin de l’importance de le role culturel et son effervescence artistique.
« Dans l’imaginaire quebecois, le Mexique n’est nullement votre pays, mais une manii?re d’immense terrain de jeu administre maladroitement avec des personnes qui parlent espagnol. Un hotel quatre ou 5 etoiles, a ciel ouvert, tenu avec de sympathiques bonshommes de couleur brune. »
Cet ouvrage fourmille d’anecdotes pertinentes sur la vie des Mexicains et leur histoire coloniale, et de reflexions sur le metissage, le brassage des cultures, le racisme, le franc-parler des Latinos et leurs mots « designant les plusieurs aspects d’la realite » et concernant le Quebec, evidemment, dont le contraste avec le Mexique reste deroutant, surtout en hiver ou bien semble momifie et sans life et ou « flotte une sorte de platitude dans l’air, un parfum de neant ».
Vous ne verrez plus jamais le Mexique d’une aussi maniere.
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